une paire de boots noires sur trottoir, qui s'avancent d'un pas décidé. dans la paire de boots, un mec. les cheveux en bataille, l'air un peu louche. louche parce qu'il traîne dans une impasse, dix heure passée, la gueule comme si il venait de sortir d'une passe avec plusieurs professionnelles. froissé. il laisse s'éteindre son mégot dans le caniveau, exhale sa dernière bouffée d'air. ses yeux brillent d'une lueur inhabituelle et quand sa langue passe sur ses lèvres, on jurerait y voir un loup se léchant les babines. la porte de la boutique s'ouvre sur un capharnaüm résolument poussiéreux. il renifle, ça sent bon la sueur, les vices humains, le plastique et la honte. ses doigts passent sur les rayonnages de dessins animés pour enfants et de films tout publics. il soupire, passe ne main sous son t-shirt pour aller gratter sa peau en dessous.
un pas de plus, deux, trois, le voilà accoudé au comptoir de l'entrée. celui avec la caisse, le fric, et la loueuse. il prend une grande inspiration.

○ je cherche le rayon pour les hommes seuls. celui où les enfants ont pas le droit d'aller.

et tandis qu'il dit ça, il se délecte d'avoir face à lui, si appétissant spécimen de la race humaine. il pourrait peut-être bien lui demander si elle dort seule cette nuit. il en a très envie. mais pas sur qu'il ait envie de supporter de la voir au petit-déjeuner. d'abord le porno. c'est plus rigolo.

c'est mignon ces bêtes-là, les petites femmes, ça ressent toujours le besoin de compenser. un sourire carnassier étire ses lèvres, craquelant sa peau gercée. c'est qu'elle mordrait la gazelle. il s'attarde sur sa bouche quand elle se sépare de sa sucette. ça lui fait comme un frisson dans la nuque, ça se réveille. il pousse un léger soupir amusé, pas le moins du monde impressionné.

○ c'est vrai que j'aurais pu dire que je voulais le rayon remplit de pornos à peine regardables. mais j'voulais pas trop te brusquer avant de te demander si tu voulais le regarder avec moi.


c'est sale, c'est mal sous-entendu, c'est mal amené. mais il s'en fiche, il remet le col de son cuir en place et fixe sans même essayait de faire semblant, le léger renflement qui tient lieux de seins à la petite loueuse. si elle avait pas l'air aussi entendu sur le porn, il aurait pu se demander jusqu'à quel point elle pouvait être pubère.

○ les petits seins ça me dérange pas, réfléchis à ma proposition.

il dit ça, il fait un clin d’œil et il disparaît dans le rayonnage à la recherche d'une jaquette explicite et si possible au titre le plus naze qui soit.

il rigole du fond de la salle, les yeux rivés sur la jaquette d'un truc qui scande un gros XXX sur fond de soldat à gros nichons et petite culotte. il le repose, soupire et continue son chemin dans les allées en espérant tomber sur un truc qui réussira au moins à l'endormir.
le vieux porno, une berceuse presque imparable.
il disparaît derrière une étagère en lançant un bref regard derrière lui. et il se marre sans pouvoir se contrôler, un rictus déforme son visage comme celui d'un animal. il retrousse ses babines et ressort de l'autre côté.

○ ce qui craint pas mal c'est d'être aussi agressive alors qu'on est censé attirer le client. on t'as jamais appris que le client était roi ?

roi des cons, pour sûr. il prend une boîte au hasard et vient la poser sur le comptoir. il sourit encore et coince une cigarette entre ses lèvres sans l'allumer.

○ je prend ça. t'es toujours sur que tu veux pas venir le regarder avec moi ?

il fait un clin d’œil et coince la cigarette entre ses dents.

enfant de satan paré d'atouts indéniables, il décroche la cigarette qui trône entre ses dents et la coince derrière son oreille pour récupérer dans une poche de son jean troué un billet de 10 dollars froissé sur le quel apparaît la moitié d'une trace de rouge à lèvre.
un capote tombe aussi sur le comptoir. une de ces capotes fluorescentes que tout mec à l'humour un peu nul à porté au moins une fois dans sa vie pour pouvoir se servir de son "sabre laser". et c'est avec cette image en tête qu'il s'enfonce dans la gadoue des mecs nuls et sales et qu'il dit :

+ tiens, j'avais oublié ça. c'est fluo dans la nuit, t'as déjà vu ? parce que si c'est non, on éteint la lumière et je te montre comme je fais bien la voix de darth vader.

il s'appuie au comptoir sur ses coudes, amusé, conscient de son propre ridicule, se baignant dedans comme un porc dans la fange. il sourit et sourit encore plus fort, sa fossette apparaissant au coin gauche de ses lèvres. et plus les secondes passent et plus il oublie le porno.

il élargit son sourire comme le carnassier qu'il est, jubilant et joyeusement émoustillé par la fraîcheur (?) de la jeune femme. étonnante au-delà de son apparente froideur, elle ne déclinait finalement plus son offre. ainsi la regardait-il, son sourire planté au milieu du visage sans se départir de ce petit éclat malin au fond des yeux. il n'aime pas particulièrement star mars non plus, préférant à luke ce cher capitaine kirk.

+ dans ce cas, je t'attendrais dehors. je serais à côté de ma grosse moto de rebelle.

un sourire amusé, il récupère son porn sur le comptoir et le reste de sa monnaie. puis sa clope atterri dans sa bouche et c'est après un clin d’œil bien appuyé qu'il finit par sortir de l'établissement pour s'asseoir près de sa moto, fumant cette clope avec un sourire malicieux.

il coince un de ses ongles entre ses dents et gratte d'un air pensif l'écart infime qui sépare sa canine du reste de ses quenottes. le temps passe doucement, il est pensif. et il reste de marbre quelques minutes encore après que sa nouvelle "amie" se soit présenta à lui sous ses atours les plus délicats.

une vague vision d'un passé à oublier. et le voilà qui revient à lui et crache son mégot loin sur le trottoir, sans prendre la peine de l'écraser.

+ dis à tes seins d'arrêter de me regarder dans les yeux comme ça, je vais me vexer.

délicatesse tuée dans son cocon. il se redresse et s'étonne de la trouver si petite à côté de lui. derrière son comptoir, elle paraissait plus grande. il pouffe. et finalement retire les clés de sa moto de la poche de son blaser.

+ j'ai besoin de manger avant d'être consolé. y a un drive dans le coin ?