le pas lent, elle ne s'était pas vraiment pressée pour rejoindre la bibliothèque  ayant fait un détour pour récupérer du thé : doucement, elle finissait par accuser la fatigue de la journée, et de quoi se réchauffer ne pourrait lui faire du mal.

la bibliothèque était toujours affreusement tranquille à cette heure-ci – plus encore que ce qu'on attendrait d'un lieu du genre. Et comme à son habitude la demoiselle choisi une table à l'écart et donnant sur une fenêtre, abandonnant son sac sur la table avant d'elle-même prendre place. il ne restait plus qu'à espérer qu'il ne mette pas trop longtemps à la rejoindre – et quelque chose lui disait qu'elle ne serait pas exaucée.

un sursaut soudain la prit, un frisson venant mordre sa nuque alors qu'elle se redressait ; Bleta n'avait pas souvenir de s'être endormie, mais la marche de sa manche de pull sur sa joue et l'impression d'être encore toute assoupie ne trompait pas. sans parler de son thé qui était nettement devenu tiède, ainsi que l'heure affichée par son téléphone portable. plusieurs choses alors la contrariaient : elle n'avait pas prévu de s'endormir ici, et Aiji n'était toujours pas là. A moins qu'il soit venue, l'ait trouvée comme ça et lâchement abandonnée. L'absence de message lui fit cependant douter de cette seconde hypothèse.


le message fut envoyé alors qu'elle étouffait un bâillement, avant de récupérer son gobelet – et pester contre le fait que sa boisson avait tiédit. et tout compte fait, elle avait toujours envie de dormir.

une gorgée de thé tiède, suivit d'une grimace. ah non, elle ne le boirait pas, c'était hors de question à présent. ainsi, ce fut avec une nouvelle grimace déçue qu'elle repoussa son goblet, l'éloignant de ses affaires abandonnées sur la table histoire d'éviter un accident. et à présent, il n'y avait plus qu'à attendre qu'il vienne – s'il venait. tout ce dont la demoiselle était certaine c'était qu'il avait lu son message. ça et rien de plus.

perdue dans ses pensées, jouant d'un air absent avec l'un de ses stylos, elle ne l'avait pas vu s'approcher, tant que sa voix brisant le silence lui tira un sursaut. le tout suivit d'un long soupire alors que ses prunelles caramel se glissaient sur lui, sourcils froncés.
oh, elle n'avait pas vrament matière (ni droit) de lui faire des reproches, ça Bleta en était parfaitement consciente ; ça ne l'empêcha pas de lui lancé un regard franchement ennuyé, avant de s'adosser à nouveau à sa chaise, bras croisés contre sa poitrine. boudeuse.

« t'as vu la tienne? »

dit-elle, peut-être un peu trop agacée pour son propre bien, tout en essuyant sa joue d'un revers de manche. encore à demi entre les griffes du sommeil, elle se sentait encore toute pâteuse, et pas franchement motivée à étudier ce soir.

« t'aurais pu prévenir si t'étais fatigué. on aurait annulé, idiot.»

le traiter d'idiot, c'était bien gentil de toute façon, plus encore dans une langue qu'il ne saurait comprendre. et elle était toujours bougonne en disant ça, une petite moue peinte sur ses lèvres roses, alors qu'elle l'observait du coin de l'oeil. c'était que le côté mal réveillé, chevelure en bataille et regard lourd, ça lui donnait un certain charme, le genre qui la poussait à se perdre à son observation un peu trop longtemps. avant de le réaliser, et sentir ses joues chauffer un peu.

« on fait quoi? »

à force de prétendre être mauvaise, elle s'y perdait un peu, au moins autant qu'elle s'ennuyait. peut-être devrait-elle mettre fin à cette mascarade, mais ensuite? elle n'aurait plus vraiment d'excuse pour passer du temps avec lui sans se trahir. l'angoisse.